Historique
les Stalles
Position primitive
Lexique
Décoration
Description
Nous savons que les stalles ont été commandées en 1463 par le nouvel évêque de Vence et son chapitre au maître ébéniste de Grasse, Jacques Bellot.
L’historien J. Daurelle cite, dans son histoire de Vence de 1934, le contenu du contrat :
« Bellot recevra 50 pistoles (ancienne monnaie d’or), du pain, six outres de vin, une saumonée d’annone (il faut entendre le chargement qu’une bête de somme peut porter de ravitaillement) et le bois nécessaire à son ouvrage. »
Il poursuit :
« À l’origine, les stalles n’étaient qu’au nombre de quarante. Le sanctuaire, où elles furent placées d’abord, ne pouvait en recevoir davantage.
On s’aperçut bien vite qu’elles apportaient une grande gêne à l’exercice du culte et entravaient sa pompe. J. Bellot fut chargé de les déplacer et de les installer où elles sont aujourd’hui. Afin de garnir tout le pourtour de la tribune, il en ajouta 11 autres. Il oublia seulement de mettre au milieu de la fenêtre celle à baldaquin réservée à l’Évêque. »
Le transfert fut fait en 1499 ; à l’époque le chœur était de plan carré.
Au centre: la stalle dite de l'évêque,en lieu et place du passage de la nef vers la stalle ,avant le transfert dans la tribune.(1499)
Carte postale: Stalles de Vence début du siécle
Les termes techniques sont explicités dans le glossaire en encadré.
Classées « Monument historique » en 1897, elles constituent le véritable trésor de l’ancienne cathédrale de Vence qui est certainement la seule à posséder des stalles, dans une tribune face au chœur, utilisées jusqu’en 1801 (dernière évêque).
La richesse de leurs décors, le symbolisme et l’ésotérisme des motifs des miséricordes, sont remarquables dans une des plus petites et des plus pauvres cathédrales de France. Cela est probablement dû à la personnalité de son évêque, Raphaël Monzo, nommé en 1463, moine augustin, catalan et confesseur du bon roi René Ier, comte de Provence et roi de Naples, grand bâtisseur et artiste.
On peut penser que Monzo avait donné à l’ébéniste les éléments nécessaires pour leur exécution, sans négliger la connaissance des courants artistiques et ésotériques de cette époque de transition entre Moyen Âge et Renaissance que ce maître ébéniste, peut-être même compagnon du tour de France, avait dû acquérir
Nous sommes en présence d’une œuvre majeure qui demande à être étudiée encore plus en détail.
En général, les stalles forment un U, le côté médian étant face à l’autel, et comportent une ouverture ; celle-ci permet un passage et donne aux fidèles la possibilité de voir la célébration. Cette ouverture est libre d’accès ou fermée par un jubé ou une grille et peut comporter, à droite et à gauche, un certain nombre de stalles assurant un retour qui se termine par une jouée.
Il existe aussi des stalles qui se répartissent sur deux rangs en vis-à-vis et se terminent, également, aux extrémités par quatre jouées.(plan et photos ci-dessous)
Dans tous les cas, elles se développent le long du chœur ou de l’avant-chœur et peuvent empiéter sur des travées de la nef centrale. Mais elles comportent toujours une jouée aux quatre extrémités.
Vue des stalles cathédrale Albi, prise du maitre autel.La nef est derrière le jubé.
Position supposée des stalles avant transfert
A l'époque ,le tombeau romain de saint Véran était-il encore au fond du chœur lors de l’installation ou était-il déjà transféré dans l’actuelle sacristie ?
Une citation de Mgr de Crillon (1698) signale que « les tombes des évêques [sont] disposées dans le chœur en face du maître-autel ». Tout porte donc à croire que ce tombeau pouvait encore être dans la niche du mur, derrière l’autel, ce qui avait nécessité le renforcement de l’ancien mur (place Godeau).
Les stalles devaient donc avoir une disposition classique, dans l’avant-chœur et plus sûrement au milieu des premières travées de la nef, orientées vers le chœur, avec leur passage arrière entre les deux jouées (celles qui encadrent l’actuel faux siège épiscopal), l’accès pour le chapitre se faisant par l’hémicycle ou par un espace devant le premier rang de piliers.
Quoi qu’il en soit, les stalles devaient avoir une valeur considérable pour avoir conduit l’architecte chargé de la construction de la tribune à prendre un parti audacieux. Pour ne pas les réduire, il a avancé la tribune, au point qu’il a fallu pour y accéder, percer les deux piliers maîtres supportant la voûte. Seules ont été supprimées les marches d’accès aux stalles hautes pour libérer le passage entre les tribunes nord et sud
Renforsement du mur du choeur (probablement lors de la mise en place du tombeau de St Véran)
Il n’est pas surprenant que la décision de déplacer les stalles ait été prise dès leur installation. L’étroitesse des lieux rendait difficile le déroulement du culte, d’autant que l’arc triomphal était beaucoup plus bas (il portait le grand Christ, actuellement au fond de la grande nef, les statues de saint Jean et la Vierge, actuellement dans la chapelle du calvaire)
De plus, le même Raphaël Monso qui commanda les stalles en 1463, légua à son décès, en 1491, la somme nécessaire pour commander des orgues inaugurées par son successeur Mgr de Vesc en 1505 ou 1507. Elles furent placées à l’entrée du chœur, sur une tribune soutenue par les deux colonnes dites « des Marseillais » On peut supposer que la commande de ces orgues a été prise consécutivement à la décision du transfert des stalles effectué en 1499.
Accoudoir
Balustre
Coupée
Dais
Jouée
Miséricorde
Parclose
Stalle
Pièce de bois arrondie posée sur la parclose pour que le clerc puisse s’y reposer.
Dans notre cas, pièce de bois tourné, soutenant l’accoudoir, au pied duquel une sculpture en ronde-bosse aide comme appui pour se relever de la position assise sur la miséricorde.
Coupée:
Espace coupant un rang de stalles basses, muni d’un escalier, pour accéder au rang supérieur.
Avancée en bois qui recouvre le rang de stalles hautes.
Montant extérieur latéral de la rangée de stalles.
En principe sculptée d’un enroulement.
Petit siège se relevant pour aider la position debout. Il est souvent décoré de sujets.
Parclose:
Séparation entre deux stalles.
Stalle:
Siège ; stalle haute : rangée de stalles formant le rang du haut ; stalle basse, le rang du bas
Les miséricordes sont un des éléments les plus intéressants des stalles. Elles pivotent grâce à des charnières et sont sculptées en bas-relief. Malheureusement certaines ont disparu.
Les sujets qui les décorent peuvent se classer en quatre groupes :
L’ensemble se compose de trente stalles hautes, couronnées d’un dais et de vingt-trois stalles basses, soit cinquante-trois sièges. On trouve une coupée par côté qui permet d’accéder aux stalles hautes.
Elles se répartissent sur trois côtés : deux côtés en vis-à-vis comportant douze stalles hautes et dix stalles basses ; un côté transversal (sous le vitrail) comportant six stalles hautes et trois stalles basses.
N’ayant aucune documentation sur la position initiale des stalles dans le chœur, nous devons essayer de reconstituer leur histoire.
En premier lieu, quelles sont les modifications qui auraient pu être apportées lors du démontage et du remontage pour le transfert du chœur ou de la nef vers la tribune ?
La thèse de l’ajout de treize stalles (53 actuelles moins 40 attestées ; voir ci-dessus la citation de Daurelle) est-elle plausible ? Recherchons des traces de modifications.
En examinant les bois constituant le dessus des accoudoirs ou de la structure, on ne constate aucune trace pouvant correspondre à un ajout. Comme il est impensable que tous les bois aient été remplacés, on peut conclure, sans grand risque d’erreur, que, dès l’origine, il y avait bien cinquante-deux stalles au lieu des quarante qu’évoque Daurelle.
Dossier-accoudoir sans trace de rajout.
Les stalles d’angle dont l’équerre des accoudoirs semble bien être d’origine se terminentpar les deux jouées encadrant le faux siège épiscopal, aménagé dans le passage d’accès à la nef.
Stalle d'angle.
Jouées du siège dit de "l'évêque" terminant les stalles cotés nef.
Examinons les stalles du fond sous le vitrail. Les stalles basses posent question. En effet, pourquoi les deux stalles de droite ont-elles été profondément modifiées, et celle de gauche coupée dans le dossier ? Pour ces deux questions nous n’avons pas encore de réponse mais nous savons qu’en 1870 un sculpteur de Nice fit une restauration qui coûta fort cher (2 500 francs).
Restauration de 1870.